Des familles ouvertes
En tant que FJ internationaux, une de nos valeurs de base est l’importance de la famille et du lien entre les générations. Ces dernières années, le Seigneur nous a parlé fortement dans ces domaines. Beaucoup de nos ministères FJ sont devenus si fortement axés sur des programmes que la connexion avec la réalité des familles des enfants et des jeunes que nous côtoyons a pratiquement disparu. Nous courons le risque de devenir un ministère où les parents posent leurs enfants pour que nous fassions leur travail.
J’ai fait la même expérience dans mon église locale il y a quelques années. A la tête du ministère des enfants, nous avons tenté désespérément d’avoir des contacts et une collaboration avec les parents, mais c’était très difficile. Nous avons même organisé une soirée à laquelle tous les parents étaient invités – nous pouvions potentiellement accueillir plus d’une centaine de parents, mais seuls neuf d’entre eux sont venus! Nous étions sous le choc, et nous avons compris que la mentalité sous-jacente était: “Vous pouvez faire ce que vous voulez avec nos enfants le dimanche matin, tant qu’ils sont pris en charge!” Nous rencontrons cette mentalité tout autour du monde. Et nous réalisons de plus en plus que cela va à l’encontre de la stratégie principale du Seigneur pour préparer la prochaine génération.
Notre verset fondateur est Deutéronome 6.6-7: “Et ces commandements que je te donne aujourd’hui seront dans ton coeur. Tu les enseigneras à tes enfants et tu en parleras quand tu t’assieds dans ta maison et quand tu marches le long du chemin, quand tu te couches et quand tu te lèves.” C’était la stratégie que Dieu a donnée aux Israélites avant qu’ils n’entrent dans le pays promis. C’était sa stratégie principale pour occuper le pays sur le long terme. Et les parents devaient y jouer un rôle primordial! Quand tu t’assieds dans ta maison, quand tu marches le long du chemin, quand tu te couches, quand tu te lèves… Cela nous parle de la vie quotidienne. Cela ne peut pas être accompli par un programme hebdomadaire de deux heures ni par un camp. La stratégie principale du Seigneur était d’utiliser la vie de famille comme outil de formation principal pour façonner la prochaine génération par la Parole de Dieu!
Nous avons donc du nous poser cette question: Comment pouvons-nous fortifier les parents afin qu’ils puissant recevoir cet appel à former leurs enfants? Comment pouvons-nous les équiper afin qu’ils prennent confiance en eux et se lancent dans l’aventure? Comment pouvons-nous transmettre cette vision afin que les familles chrétiennes deviennent des petits groupes FJ, des familles missionnaires qui cherchent premièrement le royaume de Dieu? En plus d’aptitudes parentales et conjugales de base, nous avons découvert que les parents ont besoin d’être formés dans trois domaines principaux pour pouvoir grandir dans cette vision.
La première était: Comment pouvons-nous intégrer Jésus dans notre vie quotidienne? Trop de familles vivent une vie chrétienne à l’église, mais ne savent pas comment vivre avec Jésus dans leur quotidien. Apprendre à prier ensemble en tant que couple, en famille, à ouvrir la Bible dans nos maisons, à adorer, à écouter sa voix et à lui obéir… et ce non seulement dans des moments particuliers de la semaine, mais comme un style de vie, Jésus devenant partie intégrante de notre routine familiale quotidienne.
La seconde était: Comment pouvons-nous devenir une équipe? Dans une société individualiste, chacun vit sa propre vie, a sa propre vision, son propre appel. Mais nous avons aussi un appel familial, et nous devons apprendre à former une équipe pour entrer dans cette dimension. Cela inclut la communication, la complémentarité, l’encouragement des dons et des talents des uns et des autres, le service commun. Cela commence par le coeur, par apprendre à passer du temps ensemble, à rire, à jouer, à manger… Ce genre d’activités agréables pose un fondement dans la vi de nos enfants et construit en eux le désir de s’impliquer à nos côtés dans des activités plus “spirituelles”.
La troisième était: Comment pouvons-nous devenir une source de bénédiction pour d’autres personnes? Notre famille n’est pas un but en elle-même. Nous ne voulons pas devenir familiocentriques. Nous sommes appelés à être royaume-centriques. Alors comment nos familles peuvent-elles vivre le royaume ensemble? Et contribuer à étendre ce royaume? C’est ce que j’aimerais développer maintenant.
Pour devenir une famille-du-royaume, ou une famille-missionnaire, nous pouvons avoir deux accents : Le premier touche à ce qui se passe dans nos foyers, au travers de l’hospitalité, de l’accueil, quand nous devenons une famille ouverte où les autres sont les bienvenus. La seconde concerne ce que nous pouvons apporter à l’extérieur de notre foyer en nous impliquant pour bénir les gens, servir les pauvres, visiter les malades, partager la Bonne Nouvelle ou vivre un voyage missionnaire ensemble.
Le fait de devenir une famille ouverte est très important pour nous en tant que chrétiens. Les historiens de l’Eglise nous montrent que la croissance phénoménale du christianisme entre l’an 100 et l’an 300 n’était pas principalement due à la prédication dans les rues ou aux activités des chrétiens pour témoigner dans la société, mais à l’hospitalité des familles chrétiennes. La mission commence à la maison! Elle peut être vécue de plusieurs manières: accueillir des gens pour manger avec nous, aider des parents monoparentaux en prenant leurs enfants chez nous pour les aider à faire leurs devoirs, accueillir les amis de nos enfants et leur témoigner amour, acceptation et encouragement, faire les courses pour notre voisin âgé, tondre le gazon et s’occuper du jardin de cette personne non-chrétienne suroccupée, accueillir de gens pour vivre chez nous pendant quelques temps (un étudiant, un membre de la famille élargie qui a perdu son travail, un jeune en difficultés), devenir famille d’accueil pour un enfant dont la famille est en crise, adopter… Ce ne sont que quelques pistes.
Il n’est pas facile d’ouvrir sa maison, car c’est le lieu où nous reposons, où nous voulons être libres de nous promener en sous-vêtements… C’est aussi le lieu où nous sommes connus pour qui nous sommes vraiment, où nous ne voulons pas trop que les autres nous voient – cela peut être un réel défi que d’ouvrir sa maison.
Alors qu’une famille s’ouvre et partage ses ressources, sa nourriture, ses lits, son eau, son temps, son espace privé avec d’autres, elle partage avec eux ce qu’elle a et ce qu’elle est et sert de l’une des manières les plus riches et les plus personnelles. L’hospitalité incarne l’amour du Christ.
L’hospitalité transforme des foyers égocentriques en bases missionnaires pleines d’aventures. Il y a quelques années, une jeune femme nous a demandé, à mon épouse et moi, si elle pouvait venir vivre chez nous pendant quelques temps. Nous étions paisible à ce sujet, mais nous nous sommes souvenus que nous n’étions pas tous seuls. Nous avons donc d’abord pris du temps avec nos enfants, en leur demandant de prier et de chercher le Seigneur pour connaître sa volonté. Nous voulions qu’ils puissent s’approprier la décision et qu’ils soient impliqués avec nous. Nous avions deux enfants à l’époque, et tous les deux avaient la paix. Ensuite, comme nous voulions servir en équipe, nous leur avons demandé de prier par rapport à leur contribution. Qu’est-ce que Dieu attendait d’eux pour accueillir cette personne? Noémie, 6 ans à l’époque, était en train d’apprendre à écrire. Elle a eu l’idée d’acheter une carte, d’écrire bienvenue au dos, et de la mettre sur la porte de la chambre d’accueil. Baptiste, 4 ans, a eu une autre idée: il a voulu acheter un paquet de bonbons et le vider sur le lit afin que la personne se sente accueillie quand elle entre dans la chambre… Nous leur avons donné un peu d’argent et ils se sont rendus au petit magasin du village pour acheter une carte et un paquet de bonbons. Quand la jeune femme est arrivée chez nous, ils étaient tout excités, parce qu’elle était autant leur invitée que la nôtre.
Nous vous encourageons donc à ouvrir vos familles aux autres et à voir vos familles comme des équipes missionnaires tout au long de l’année. Cela peut s’exprimer de tant de manières différentes. Mais n’oubliez pas de fermer la porte de votre maison de temps en temps. Comme l’a écrit Edith Schaeffer, “votre famille devrait être comme une porte avec des gonds (pour pouvoir s’ouvrir), mais aussi avec une serrure (pour pouvoir se fermer si nécessaire). Si nous voulons ouvrir nos familles, elles doivent d’abord avoir quelque chose à donner.”
Que le Seigneur vous bénisse dans votre famille. Il s’agit d’une aventure pleine de défis, mais Dieu est de votre côté et il est prêt à s’investir et à vous donner la grâce nécessaire pour progresser dans ses projets pour vous en tant qu’individus, que couples et que familles.
Guy Zeller